Lorsqu’ils parlent de leur travail, les photographes aiment et utilisent cette expression : « sublimer un regard », « sublimer un portrait ». Moi-même, je l’utilise par moment (voir l’article d’Hélène Bourguignon : Entretien avec Christophe Patissou).
Mais que veut dire, concrètement, cette expression devenue populaire mais aussi trop souvent galvaudée ?
Sublimer vient du latin « sublimare » qui signifie « exalter », « glorifier ».
Qu’est-ce que la sublimation ?
En physique, la sublimation est le passage direct d’un corps de l’état solide à l’état gazeux, sans passer par l’état liquide.
Les exemples sont assez rares, même dans la nature. On peut citer par exemple la glace qui s’évapore lorsqu’il fait bien sec et froid, sans passer par la fonte. La naphtaline qu’on place dans les armoires à linge et qui disparaît en laissant son odeur. La neige carbonique dans les extincteurs…
En littérature, Larousse propose la définition suivante : faire subir la sublimation signifierai « transposer en quelque chose de pur, d’idéal ».
Le sublime donne donc le sentiment d’un état second. Il caractérise ce qu’il y a de plus beau, de plus élevé, de meilleur. Avec le sublime, on nage dans l’excellence. C’est une conséquence direct de l’art à l’état pur ; ou bien le moyen d’y parvenir…
Aussi, il ne faut pas employer le terme « sublime » à toutes les sauces car ce serait le dévoyer. Il perdrait de son sens, de sa puissance.
Sublimer par la photographie
Pour ma part, sublimer une personne, un portrait, un regard, par la photographie est le but premier de ma démarche.
Dans cette façon de raisonner, je souhaite revenir à la définition de la physique : passer de l’état solide à l’état gazeux, passer d’un état palpable, touchable, à un état difficilement perceptible.
Utiliser le corps, fait de chair et d’os pour arriver au rêve, à l’imaginaire… exprimer par l’enveloppe corporelle des sentiments et des émotions les plus beaux, les plus subtiles, les meilleurs.
Existe-t-il une recette pour arriver à exprimer le sublime ? Je ne crois pas. Chacun avec sa sensibilité propre tentera d’y parvenir en soignant sa composition, la pose du modèle, l’éclairage…
Des citations
« Le sublime touche, le beau charme. » de Emmanuel Kant.
« Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas. »de Napoléon Bonaparte.