Pour changer des portraits, je vous propose une petite visite à Cambrai, célèbre pour ses bêtises et son beffroi, célèbre aussi pour avoir vu la naissance de Louis Blériot et le décès de Fénelon.
Les nombreuses marques du passé parsèment chaque détour de la ville historique. Au cœur de Cambrai, ce sont parfois des petits détails comme une sonnette, un fronton, un gargouille, une moulure, un bâtiment que laissent parfois généreusement entrevoir les éternels échafaudages ! Monuments, bâtiments, statues, pavage, marches, clochers… tout rappelle le jus des ans dans lequel macère sereinement la ville !
La patine est là ! Et elle n’est certainement pas due aux émanations des baraques à fritte, réel cœur, pompe à humains qui aspirent et recrachent son flot sanguin de bipèdes à chaque battement d’une tournée de cuve d’huile bouillante.
L’autochtone moyen devient indifférent des beautés laissées par les artistes, bâtisseurs et architectes d’antan. Le passant joue son rôle ; il passe, puis trépassera en ne comprenant probablement pas pourquoi nous autres, curieux provinciaux touristiques, nous nous arrêtons, bêtement, béatement au milieu d’une rue pavée que n’est pas parvenu à arracher les quadruples gommes sophistiquées des mortels engins qui s’enivrent de pétrole et rotent leur cancer bronchique.
Aucune attention donc pour le badaud ! Que n’a-t-on viré les piles de barrières de la maison espagnole, un des plus anciens bâtiments de la ville ? On en a viré pour moins que ça ! Et la magie de Noël alors ? Un peu de respect, je vous prie, pour les traditions ! Je ne suis pas un gosse, mais j’aime que cette magie de Noël m’aide à sortir une photo où l’œil n’est pas pris en otage par cet amas de ferraille soudée !
Petit salut au plus malin des cambrésiens, le piaf citadin qui loge gratuitement en son monument historique ! Finalement, c’est peut-être lui qui apprécie le mieux ce fronton 1877 noyé dans une façade grise comme une journée sans bêtise, sans blague ni joie !
Rien à redire cependant sur la victoire, elle a les seins rudement fermes ce qui explique probablement cette quantité impressionnante de monuments en érections : où que se dirige le regard, il y a toujours un truc phallique pour s’ériger de terre et prendre le ciel d’assaut !
Heureusement, la vile de Cambrai ne se résume pas à ça ! Ce qui en fait son charme, c’est finalement ce mélange de pierres et de bois d’une époque révolue ; ces petites pépites d’ancien qui semblent flotter tels des icebergs dans un océan de modernité trop chaud !
