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Photographe, gourou des temps modernes !

Mesdames, Messieurs, amis de la photo, bonjour. 

Une fois n’est pas coutume, je vais vous dresser un tableau peu reluisant du monde de la photographie.

Après plusieurs années d’enquêtes sérieuses, après avoir infiltré les milieux les plus extrémistes de la photo, je suis en mesure de vous proposer une analyse honnête et partielle sur un monde dont les codes s’apparentent à une secte. 

La culture de l’image, hors sol, est devenue tellement importante qu’elle s’est transformée en une religion à part entière et le photographe en serait comme le chamane, le prêtre, le pasteur ou l’imam…

Prenez chaque photographe, ils appartiennent pour la plupart à une religion ! En chaque photographe, sommeille un gourou ! Tous des menteurs, des voyeurs, des ordures, des crevures, des tarés, des dégénérés, des salauds, des malades mentaux… Autant pour moi ! 

Tour d’horizon. 

Pour commencer, il y a les photographes de rue. Bon, photographe de rue, quand tu habites à la campagne, déjà, tu pars avec un handicap ! Eux ne respectent rien, ni la vie privée, ni les passages piétons ! Plus c’est moche, et mieux c’est. Être photographe de rue, c’est un peu comme reporter de guerre, mais sans la guerre, juste les dégâts et le courage en moins !  C’est à qui trouvera le nez le plus gros (merci Cyrano), le vieux le plus ridé (merci Gégé), ou la balafre la plus profonde (on est loin de la Joconde), l’alcolo le plus déraillé (merci le saké), ou le SDF le plus miteux (pauvre malheureux). Ils font dans le sensationnel, sans trop se préoccuper de savoir si la personne est consentante. Violeur d’intime en soif de spectaculaire, ce type de photographe, c’est un peu l’athée anarchiste, sans foi ni loi, sans flash ni cash et leur seul espoir de ne pas devenir pire que ceux qu’ils photographient, c’est de se trouver un boulot, un vrai ! Ben oui, photographe, c’est pas un métier, c’est un passe-temps !

Ensuite, il y a les photographes de nature ou animalier. Photographe de nature, ça ratisse large, c’est un peu le chrétien de base qui n’a pas trop la foi, qui croit en sa photo, mais qui se dit, au moins si la photo est ratée, personne ne viendra critiquer le papillon ou la fleur de pissenlit. Et puis, quel photographe n’a pas commencé par prendre en photo des bourgeons et des pigeons ? Le photographe nature, il part comme une buse cueillir des champignons à l’automne et plutôt que d’avouer qu’il n’y connait rien et qu’il ne sait pas chercher, il revient bredouille en disant : “Nan, mais moi, ce qui m’intéresse, c’est la beauté des feuilles mortes”.

En parlant de feuilles mortes, il y a le photographe de natures mortes, justement. Lui, il est pas pressé, il a tout son temps, son sujet ne risque pas de s’impatienter, il est déjà mort. Rastafari de la goutte d’eau qui tombe, bouddhiste de la fumée de bougie éteinte ou taoïste de l’oignon coupé en deux, il voue un culte sans faille au prophète “Chou Romanesco” ou à la déesse “Coquille de Bigorneau”. Le photographe de nature morte brille par son efficacité : c’est en effet le type de photographe qui possède la plus faible cadence de photo par an, mais qui occupe la surface la plus importante lors des expositions. Et il trône fièrement devant ses œuvres 2m par 3, et quand tu passes, il dit : Eh ! t’as vu mon spaghetti sur fond blanc ? Je l’ai intitulé Ténia sur banquise !

Le photographe sportif maintenant ! Missionnaire de la photo en rafale, héros malgré lui de la mise au point en continu, il mène sa croisade à coup de bons FNAC pour se racheter un nouvel objectif. Ben oui, le dernier est tombé lorsqu’il essayait de faire de la varappe entre deux vélos d’appart’. Lui doit suivre un parcours initiatique très précis. Ses premières armes, il doit les faire lors de la violente course aux escargots. Il doit ensuite s’amuser à faire des filés de phares de voitures le soir, seul comme un gland, au-dessus du périph. Enfin, généralement, il finit au bord de la piste de course, statut intermédiaire entre le spectateur hystérique et le ravitailleur en seringues d’EPO. Frustré après ses voitures floues du rallye intercommunal de caisses à savon d’Alep, il s’offre tous les ans le passage du tour de France, enfin, de la caravane seulement, parce que les vélos étaient déjà passés quand il a fini de régler son boîtier. A défaut de ballon dans les cages jeté de toute force par un bipède décérébré, il collectionne les monopodes comme les reliques témoignant de son parcours spirituel.

J’ouvre la Bible du photographe et je lis : “Au commencement était Dieu, et Dieu était Photographe”. Et plus loin : “Que la lumière soit et la photo de nu”, ou la photo touffue, tout dépend… Photographe de nu, c’est comme gynécologue ou proctologue, sans les inconvénients. Lui, il n’a pas attendu les lunettes 3D, il est là pour mater et sa définition pour paire de fesses, c’est photo artistique. Le nu, l’art ultime qui permettrait au presse-bouton d’atteindre le saint Graal de la photographie et de passer du statut de novice à croyant et pratiquant. Photographe de cul, euh de nu, c’est frôler du bout de l’objectif ce qu’il n’a pas les moyens de se payer au Bois de Boulogne. Avec le nu, il suffit d’un doigt pour passer du statut de photographe libidineux à triporteur salace ! Le cercle des photographes de nu forme une élite que les photographes de charme, lingerie et boudoir ne cesseront d’envier, tant qu’ils n’auront pas, accidentellement ou non, attrapé un téton ou un morpion !

Le photographe de mariage, ce qui l’intéresse, c’est la quête, celle du milieu de la messe. Il n’a pour seule mitsva que la rentabilité de l’opération quitte à vendre une journée entière de prestation au couple qui ne voulait qu’une photo à la sortie de la Mairie. Ceci bien sûr, afin de garantir au couple une union aussi durable et solide que la chips à l’apéritif. Et puis, Madame, Monsieur, on vous offrira 10% de remise sur votre fête de divorce et 20% de réduction sur votre mariage d’après !

Pour le photographe de mode, ce qui importe c’est de respecter le Ramadan, ou bien le carême, et dans l’idéal, les deux. Ce qu’ils cherchent, ce sont les squelettes qui bougent tout seul et qui coûtent plus cher en crème et en lotion, en coiffure et en maquillage qu’en nourriture ! Comme ça on culpabilise les gros et on noue un partenariat avec les fabricants de produits minceur ! C’est du gagnant-gagnant ! Le photographe de mode, il remonte le mannequin en un tour de clé, il déclenche 600 fois dans l’heure et laisse à son assistant le soin de traiter la série entière pour finalement ne choisir qu’une seule photo !

Bref, la photographie, toute obédience confondue et comme toutes les religions, permet d’exploiter la crédulité et la vanité des uns pour le bénéfice d’une poignée de voyeurs-menteurs prétentieux et orgueilleux. Plus il y a de fidèles pratiquant, meilleur se porteront les vendeurs de matériel et les fabricants de produits ! Mais au final, tout le monde y trouve son compte, pas vrai ?

Parce que tout ce qui trouve grâce à nos yeux de simples mortels, c’est d’être sauvé de la monotonie et de l’insignifiance qui nous caractérisent et atteindre enfin le Paradis de la notoriété, à coup de Like et de Follow !

Et maintenant, mes frères, mes sœurs, prions !

Notre Like qui êtes au cloud,
Que ton Follow soit puissant,
Que ton partage soit bénéfique,
Et que les algorithmes te soient favorables.
Amen.

Toute similitude avec une quelconque réalité serait totalement fortuite mais apporterait un crédit incontestable à mon enquête ! 

Merci de m’avoir suivi, et à bientôt !

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